Un retour sur soi au féminin, regard inhabituel sur les relations entre l’homo et les siens, l’homo et l’autre sexe, l’homo et un monde qui n’en finit pas de le rejeter.
Entre récit et réflexion discursive, dialogues fictifs et souvenance, ce témoignage au féminin livre le vécu d’une sœur d’homo confrontée à ses « errements de jugeote » après la découverte de l’homosexualité de son frère et de la vie de celui-ci, « irrémédiable clandestin » en des années où l’homosexualité est encore très réprimée. « Comment, moi qui me veux ouverte, progressiste, patati patata, ai-je pu rivaliser avec la plus conne des homophobes ? » Au-delà des certitudes, des tabous, de l’hypocrisie, elle tente une réflexion (ponctuée par des références à Jean Genet, écrivain homo majeur à qui elle avait d’abord imaginé d’écrire) sur les relations entre l’homo et les siens, l’homo et l’autre sexe, l’homo et son monde. La narration s’attache aux jours quotidiens comme aux évènements exceptionnels de la vie d’Henri, dans leur unicité comme dans ce qui en eux porte résonance universelle. Elle débouche sur un questionnement mis en scène sous forme de controverses imaginaires entre le frère homo et ses contradicteurs hétéros, Contrepoint discursif, ces Controverses autour de l’homosexualité masculine tentent une remise à plat théorique.
Cet écrit devait d’abord s’inscrire dans un projet en trois récits qui devaient dire le deuil : en moins de deux ans, une sœur et deux frères décédés, dans une fratrie de six. « Six marqués d’éternité, c'est ce qu'on croit, enfant : vivants, tant que la mort ne vous a pas touché de près, c'est le seul et unique réel ; pour toujours. La mort ? Vos jeux en sont à peine interrompus. Les disparus ? On ne les verra plus, c'est tout. Si on les imagine – mais les imagine-t-on ? – c’est tels qu'on les a connus. Allongés dans la terre, endormis pour toujours ; ou là-haut, derrière les nuages, qui vous dédient leur présence tutélaire. » Dès le début de la rédaction consacrée à Henri (2011), le plus jeune des trois disparus, le poids de l’homosexualité et de l’homophobie a pris le pas sur la souffrance du deuil et transformé le projet initial.
Une série de bombes, une incroyable cascade de sensations dures et toujours importantes...
Paroles de lecteurs
L'encrier renversé, été 2021, n° 88, p. 55
Les amis de Thalie, n° 111, mars 2022, p. 62-63
Les amis de Thalie, n° 110, décembre 2021
La critique parisienne.fr, Actualités, mai 2021
Paroles de lecteurs
« J’ai été d’autant plus touché par votre livre que je suis concerné. Non, ce n’est pas fini.
Oh! ce regard des imbéciles qui tout à coup voient en nous une merde qu’ils écrasent d’autant plus volontiers qu’ils ont eux-mêmes l’habitude d’être écrasés par le mépris de tous pour leur laideur, leur bêtise, leur excès de poids lié à un goût profond pour la bière et les pizzas avalées entre cons béats face à des gars en short courant derrière le baballe.... (rayer les mentions inutiles). »
(Jean-Louis Rech, 30 mars 2022).
« Tu as réussi un tour de force, en étant à la fois dans la subjectivité à propos d'Henri et dans les références plus générales, je n'ose dire objectives puisque ce n’est pas non plus le cas. Et puis il y a ce travail difficile pour se mettre dans les représentations de l'homophobe, saisir ses arguments, même s’ils nous paraissent insupportables. Et puis tes réflexions sur les médias et de leur propension à prendre les parleurs en mode pour faite de l'audience, ce qui conduit actuellement à accepter Zemmour !
Je ne peux non plus m'empêcher de penser à la situation brésilienne, si contradictoire, avec des valorisations LGBT et d'un autre côté, un Bolsonaro ouvertement homophobe et en même temps sans doute fasciné par l'homosexualité masculine, puisqu'il a eu des dénigrements multiples et pour des questions diverses, comme la réaction à la pandémie. À peu près ceci : "que les Brésiliens ne se comportent pas comme des pédés vis à vis de la pandémie." Pas mal non ? »
(Éric Plaisance, de Rio, 27 septembre 2021)
« Je trouve ce récit bien frappé, délicat et rude, il ne bégaie pas devant les difficultés, pose les pions sans les coller fixe... L’ajout « théorique » ne verse pas dans le blabla escamoteur, il prolonge le récit, dans le ton et la forme. » (Ghislain Ripault, 26 juillet 2021)
« Ce livre m'a fait réfléchir - car il est sans concession, "engagé", donc "engageant" pour le lecteur. Il m'a aussi, touché, ému : même si la question de l'homosexualité ne se pose pas (apparemment...) dans sa propre famille, elle se pose inévitablement dans la vie sociale quotidienne, qu'on la reconnaisse comme telle ou pas. »
(Roland Féneyrou, 3 juillet 2021)
« Ton bouquin m'a fait connaitre une partie de ton intimité familiale, ainsi que des milieux que je savais exister mais sans plus... que bien sur je ne combats pas car dans mon entourage "social" je le fréquente ; j'ai célébré des mariages, 4 ou 5 je ne sais plus, femmes et hommes, qui se passaient de manière traditionnelle, avec amis familles, voilà c'est tout mais ces situations sont peut-être exceptionnelles... je m interroge aussi sur mon attitude si j'étais en situation personnelle ????
...Et continue a écrire dans le style qui t'est très personnel.. »
(Danièle Blas, 11 juin 2021)
« J’ai relu ce livre deux fois, tant il m'a bouleversée et questionnée .
Bouleversée par sa violence, sa sincérité, sa profondeur. Ton amour/haine, dégout pour ce frère homo. Jamais je n'aurais soupçonné ce sentiment chez toi qui transmettais ses textes avec ferveur.
Questionnée aussi, sur mes sentiments à propos de nombreux amis et amies homos et pour commencer sur ma mère et sa compagne.
Qu'est-ce que j'ai vraiment ressenti à leur égard ?
Je ne me souviens pas de rejet, ni de dégout. Les relations entre ma mère et mon père avaient été si difficiles, et mon père était si dur avec elle et avec nous, que je ne pouvais qu'accepter cette nouvelle union sans véritablement me poser de questions. Encore aujourd'hui je ne ressens ni répulsion ni dégout . Peut-être l'homosexualité féminine est elle plus acceptable et alors pourquoi ? Tu l'évoques à un moment sans t'appesantir.
...Encore un mot à propos de ce livre : je le trouve superbement écrit, d'une lecture facile ,malgré la complexité des sentiments, on ne le lâche pas !
Merci pur ce récit si émouvant. »
(Jeanne D, 8 juin 2021)
« Je viens de terminer Le reniement...
...ça décoiffe !!!
J'ai retrouvé la pensée de lilian Thuram (oui, il pense, bien qu'ex-footballer) : le problème ce ne sont pas les noirs, ce sont les blancs, le problème ce ne sont pas les homos mais les hétéros. Dois-je en conclure que le problème c'est toujours “les autres” ? »
(François PRUD'HOMME, le 2 juin 2021)
« J’ai lu ce livre et je l’ai trouvé très fort, puissant… Le langage « peuple », direct, cru, est ici parfaitement en écho avec le contenu. Les charges émotives sont continuellement présentes, une série de bombes, une incroyable cascade de sensations dures et toujours importantes. J’ai pris tout en pleine figure et je n’en croyais pas mes yeux. »
(Raphaëlle Pia, 16 mai 2021)
« Je crois que tu as écrit un livre utile....utile pour ceux qui connaissent cet aspect de la vie et en ont souffert. Utile dans ta façon de poser les questions et de les argumenter, utile sur le plan littéraire avec toujours cette recherche minutieuse du terme juste. Utile pour faire connaître Genet que je soupçonne un peu d'être oublié, utile en premier lieu pour faire connaître ton frère. »
(Claude A., 2 mai 2021)